Le Dr Oudy Semoun est praticien Hospitalier dans le service d'ophtalmologie du Centre Hospitalier Inter Communal de Créteil (France). Il est par ailleurs co-auteur d'une cinquantaine d'articles scientifiques et de multiples livres et chapitres d'ouvrages spécialisés. Il revient sur l’actualité des maladies de la macula en période de pandémie.
- L’année écoulée a à nouveau été difficile en raison de la poursuite épidémique. Quel a été selon vous l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le dépistage des patients à risque et le suivi des patients déjà diagnostiqués ?
L’impact de l’épidémie a été moins important que l’année précédente, puisqu’on n’a pas connu de confinement strict. Toutefois, les protocoles sanitaires en vigueur visant à diminuer le risque de contamination nous ont amenés à maintenir une distanciation sociale ainsi que des gestes barrières, ce qui peut parfois se traduire par une diminution du nombre de patients vus par jour. Dans l’ensemble, les patients déjà diagnostiqués ont été suivis de façon optimale. En ce qui concerne le dépistage des patients à risques, ce dernier a pu être impacté, en raison du fait que certains patients préfèrent éviter de venir à l’hôpital ou dans les structures de soins.
- Une étude en 2021[1] vient notamment de confirmer que le retard de traitement dû à la pandémie de COVID-19 entraînait une progression de la DMLA et une déficience visuelle chez les patients. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Cette étude confirme ce que nous avons vécu au quotidien. Une rupture du suivi ou du traitement dans la DMLA exsudative, et également souvent dans les autres maculopathies, entraîne quasi systématiquement une baisse de vision et une augmentation des lésions tissulaires maculaires, parfois malheureusement définitives.
- Une étude publiée en août 2020[2] a mis en avant un potentiel lien entre la DMLA et l’apparition de symptômes sévères suite à une contamination au Covid-19. Qu’en pensez-vous ?
Dans cette étude, les auteurs ont observé que parmi les malades qui développent des formes graves de Covid-19, figure une proportion importante de patients atteints de DMLA. Cela signifie-t-il que la DMLA est un facteur de risque des formes sévères de COVID ? Pas sûr. Les auteurs évoquent un possible facteur de risque commun, un dysfonctionnement du système du complément, un des éléments clés de la réponse inflammatoire. Néanmoins, ce qui n’est pas évoqué dans l’étude, c’est que les patients atteints de DMLA, par définition plus âgés, sont également plus à risque de contracter la Covid-19, ce qui pourrait représenter un biais. Quoi qu’il en soit, cette étude n’affirme pas que la DMLA serait directement responsable des formes graves de COVID, ni que le COVID entrainerait des formes particulières de DMLA.
- L’année 2021 est également porteuse d’espoir pour les patients atteints de maladies de la macula avec des progrès encourageants en matière de recherche. Quelles sont selon vous les avancées les plus prometteuses ?
Dans les avancées, on peut citer tout d’abord les miracles de l’Intelligence artificielle. Certains algorithmes permettent d’estimer assez finement le risque de DMLA dans les années qui viennent, de reconnaître automatiquement les maladies dans les clichés d’imagerie et de prédire leur évolution. L’IA peut également aider les patients dans leur quotidien en cas de baisse visuelle importante, avec des aides optiques intelligentes.
Les techniques d’imagerie s’améliorent avec des résolutions de plus en plus performantes, notamment en OCT et OCT-angiographie, entraînant une diminution du recours à certaines imageries plus invasives.
Dans la DMLA exsudative et les œdèmes maculaires, les espoirs se résument essentiellement en des traitements à durée d’action plus longue, nécessitant ainsi des injections moins fréquentes. Les études testent actuellement des molécules injectées tous les 3 ou 4 mois. Deux molécules sont à des stades très avancés.
La recherche dans le domaine de la DMLA atrophique progresse également, de sorte que l’espoir de voir enfin un traitement disponible augmente de jour en jour.
Il ne fait aucun doute que la recherche avance à grands pas, mais franchir la ligne d’arrivée du progrès reste toujours un défi.
Prenez rendez-vous maintenant
Tous les patients à risque seront incités à prendre rdv auprès d’un de nos centres partenaires, durant la semaine du 22 au 26 novembre 2021, pour bénéficier d’un examen du fond d’œil. Sont notamment concernés :
- Les patients âgés de 55 ans ou plus non suivis ou n’ayant pas bénéficié d’un examen ophtalmologique depuis plus d’une année ;
- et/ou souffrant de diabète et ne bénéficiant pas d’un suivi ophtalmologique régulier ;
- et/ou souffrant de myopie forte (correction supérieure à -6 dioptries).
Trois pathologies mises en avant
Plusieurs atteintes touchant la macula, cette minuscule mais primordiale zone de la rétine responsable de la vision des détails, seront mises en avant durant les Journées :
- La dégénérescence maculaire liée à l’âge, première cause de malvoyance chez les personnes de plus de 50 ans en France, qui peut apparaître sans symptômes et entraîner une perte de la vision centrale si elle n’est pas dépistée et traitée rapidement. D’où la nécessité pour toute personne de plus de 55 ans de faire contrôler sa vision par un ophtalmologue chaque année ;
- La maculopathie diabétique, principale cause de malvoyance chez les personnes diabétiques qui sont exposées à ce risque de complication du diabète pouvant avoir de lourdes conséquences sur le plan visuel, en l’absence de dépistage précoce et de prise en charge rapide. Toute personne diabétique doit donc faire contrôler régulièrement sa vue par un ophtalmologue ;
- La maculopathie myopique, une des principales causes de malvoyance, voire de cécité, des personnes atteintes de forte myopie (correction optique de -6 dioptries ou plus). Causée par un étirement de la rétine qui se produit lorsque le globe oculaire de la personne est plus long que la normale, cette maladie peut parfois s’accompagner de lourdes complications. Les myopes forts doivent donc impérativement faire contrôler leur vision chaque année par un ophtalmologue.
Pour connaître la liste des ophtalmologistes et des services partenaires, il suffit de consulter le site:
ou de téléphoner au : 0 800 002 426
[1] https://www.em-consulte.com/article/1431218/effects-of-the-covid-19-pandemic-on-neovascular-ag
[2] https://www.optometry.org.au/coronavirus/amd-patients-at-higher-risk-of-severe-complications-including-death-from-covid-19/