Le Dr Oudy Semoun, ophtalmologue fait le point sur la maculopathie diabétique, et explique en quoi la prévention et le dépistage précoce sont essentiels pour réagir efficacement. Hoya et ses opticiens partenaires sont des acteurs fidèles et impliqués des Journées nationales de la Macula.
Qu'est-ce que la DMLA ?
C’est un acronyme de Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age. Il s’agit de l’ensemble des modifications pathologiques intéressant la région rétinienne centrale, ou macula, secondaires au vieillissement. D’origine multifactorielle, la DMLA regroupe en réalité différentes formes cliniques hétérogènes. Il s’agit de la première cause de baisse visuelle dans les pays développés après 65 ans.
Quelles en sont les conséquences au plan visuel ?
La macula étant la zone responsable de la fixation, et de la vision des détails, son affection peut entrainer une baisse visuelle, une tache visuelle centrale (ou scotome), ainsi que des déformations visuelles (ou métamorphopsies). Dans les formes débutantes, une simple dégradation de la qualité visuelle peut être notée. Parfois, la maladie est asymptomatique et n’est découverte que lors d’un examen de routine ou de dépistage. Naturellement, ces symptômes concernent uniquement l’œil malade, ou bien les 2 en cas d’atteinte bilatérale.
Tache centrale (scotome)
Quels sont les traitements existant aujourd'hui pour les deux formes de DMLA ?
Le traitement préventif consiste en une protection solaire (lunettes de soleil classiques), une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et l’arrêt du tabac.
Lorsqu’il existe une prédisposition à la DMLA (maculopathie liée à l’âge), une supplémentation orale vitaminique, anti oxydante et en pigments maculaires peut être proposée.
Au stade de DMLA déclarée, s’il s’agit de la forme exsudative, (ou humide, ou néovasculaire), un traitement par injections intravitréennes d’anti VEGF doit être débuté rapidement (dans la semaine). Ces injections doivent être répétées régulièrement, selon le schéma thérapeutique le plus adapté au patient. Une surveillance au long cours est indispensable ainsi que du deuxième œil.
Dans certaines formes cliniques rares, un traitement par laser peut être proposé en supplément.
Il n’existe pas de traitement actuellement pour la forme atrophique de la DMLA.
En cas de baisse visuelle significative, une rééducation basse vision peut être bénéfique.
Qu'est-ce que la maculopathie diabétique et comment se traite-t-elle ?
Il s’agit des modifications tissulaires de la région maculaire, compliquant un diabète. Il peut s’agir d’une maculopathie ischémique (par manque d’oxygène lié à une mauvaise perfusion de la macula), ou œdémateuse, la plus fréquente, liée à une fuite des vaisseaux maculaires. Ces formes peuvent coexister et entraîner une baisse visuelle centrale. Elles peuvent toucher uniquement une partie de la macula (on parle de forme focale) ou l’ensemble (on parle de forme diffuse).
Le premier traitement consiste en une équilibration du diabète.
Sur le plan local, la maculopathie ischémique n’a pas de traitement. Pour la forme œdémateuse, différents traitements sont disponibles. Les formes focales peuvent être traitées par une photocoagulation laser. Les formes diffuses et certaines formes focales peuvent être traitées par des injections intra vitréennes d’anti VEGF ou de corticoïdes, qu’il faut souvent renouveler.
En quoi le dépistage précoce est-il déterminant dans le traitement des maladies de la macula ?
Toutes les études montrent que plus le traitement est précoce, moins il y a de dégâts tissulaires dans la macula, et meilleurs sont la réponse thérapeutique et le pronostic visuel à court et long terme.
Les recherches se poursuivent. Quelles sont les pistes les plus prometteuses pour améliorer la prise en charge des patients atteints de DMLA et de maculopathie diabétique ?
Il existe énormément de voies de recherche différentes selon les pathologies. Schématiquement, les différentes voies explorées sont les la voie des anti-inflammatoires (inhibition du complément, immunosuppresseurs …), la voie de la neuro protection, la protection mitochondriale, les inhibiteurs du cycle visuel, la thérapie génique, les cellules souches, les restaurateurs de la circulation choroïdienne. De façon concrète, les recherches les plus abouties concernent des injections intra vitréennes dont l’effet serait plus long dans le temps.
Enfin, la recherche ne concerne pas uniquement le traitement mais également le diagnostic, la qualité de vie, la gestion du handicap.
L’intelligence artificielle prendra probablement dans le futur une place de plus en plus importante également, qu’il faudra définir.
Quel rôle les opticiens peuvent-ils jouer dans le cadre des campagnes d'information et de dépistage des maladies de la macula ? En quoi ce rôle est-il complémentaire de celui des ophtalmologistes ?
Les opticiens peuvent jouer un rôle non négligeable dans ces campagnes d'information et de dépistage, mais également en dehors de ce contexte.
Les patients peuvent parfois être amenés à retourner voir leur opticien, en pensant que leur problème de vision vient de leur correction optique ou du montage. L'opticien va alors essayer de caractériser le plus précisément possible la gêne visuelle et, en cas de doute sur une baisse visuelle, des métamorphopsies ou un scotome central, adresser rapidement le patient à un ophtalmologiste en insistant bien sur le caractère urgent de la consultation. Il arrive même que certains opticiens appellent eux-mêmes l'ophtalmologiste afin de s'assurer que le patient sera bien reçu.
De plus, les opticiens ont un rôle d'information. Ils rappellent aux patients diabétiques et aux patients de plus de 60 ans venu faire changer leurs montures qu'un contrôle annuel du fond d'œil reste indispensable.
Les conseils des opticiens sont souvent très précieux en ce qui concerne l'utilisation des filtres pour des patients désirant se protéger du soleil.
Enfin, certains opticiens ont su développer une réelle expertise dans le domaine du conseil et de l'accompagnent des patients malvoyants, en proposant et adaptant toute une gamme de matériel destiné à la basse vision. Les patients et les ophtalmologistes spécialisés leur en sont souvent très reconnaissants.
Journées nationales de la macula
Le Dr Oudy Semoun est diplômé en médecine à l'Université Paris 7 en 2004. Il achève son internat en ophtalmologie en 2009. Il a complété plusieurs clinicats en ophtalmologie à l'Université de Paris 6, au Centre National d'Ophtalmologie des Quinze-Vingts, et l'Université Paris Est Créteil (France). Depuis la fin de son internat, il a obtenu une Maîtrise en pharmacologie à l'Université Paris 5 (France) en 2010. Son domaine d'intérêt principal est l'imagerie et le traitement des maladies rétiniennes, ainsi que la chirurgie vitréorétinienne et la chirurgie de la cataracte. Il travaille actuellement comme Praticien Hospitalier dans le service d'ophtalmologie du Centre Hospitalier Inter Communal de Créteil (France). Il est co-auteur d'une quarantaine d'articles scientifiques et de multiples chapitres d'ouvrages spécialisés.